Alabama Moon
De Watt Key
Traduit de l’américain par Maïca Sanconie
Bayard jeunesse – collection Millézime - novembre 2010
11,90 euros
Moon Blake, dix ans, ne connaît que la vie dans la forêt en compagnie de son père. Une vie sauvage et rudimentaire, faite de chasses et de cueillettes, d’une connaissance intime de la nature toujours respectée. Un jour, son père décède, les propriétaires forestiers se rapprochent. Moon décide de se débrouiller seul et de fuir vers l’Alaska où son père lui a promis qu’il trouverait des gens qui « détestent le gouvernement ». Evidemment, les autorités vont s’obstiner à enfermer Moon dans des institutions censées le civiliser. En compagnie de deux autres orphelins, Moon s’échappe et repart dans la forêt. Mais la vie à plusieurs, surtout avec un petit malade, n’est pas aussi facile…
Je m’attendais à un roman beaucoup plus doux, non pas bucolique mais heureux, un peu à la Stand by me. Il est en réalité âpre et dur, fortement émouvant. Moon se comporte de manière instinctive, presque naïve de notre point de vue, puis soudain bluffante dès qu’il s’agit de survivre en pleine nature : on l’adopte très vite. Quoique narrateur, il exprime relativement peu ses sentiments et de fait, j’ai mis un certain temps à deviner les effets pervers du formatage opéré par son père. L’adulte compréhensif qui saura le convaincre de se laisser apprivoiser intervient tard (très bien pour l’effet de réalisme), mais surtout rapidement. J’ai craint alors le happy end facile ; que nenni, on peut verser sa petite larme jusqu’à la dernière page. C’est beau, c’est tendre, et les laissés-pour-compte sont complètement réhabilités. Dans une Amérique toujours fasciné par Thoreau, Alabama Moon, sorte de Into the wild à l’envers qui se mâtinerait de composantes sociales et affectives, fait mouche dans nos cœurs. A lire dès 12/13 ans.
Le film, sorti uniquement aux Etats-Unis en 2009 (parution du livre en 2006), s'imposait presque pour ce road-movie enfantin plein d'émotions :