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Les riches heures de Fantasia
11 décembre 2011

Rencontre avec Wilizecat

wiliz

Wilfrid Poma, plus connu sous le nom de Wilizecat, est un auteur et illustrateur.

Il était une fois un gamin sautant sur son canapé comme un foufou en regardant des dessins animés japonais le mercredi. Il aimait tellement l'école qu'il fit tout pour y rester le plus longtemps possible et redoubla fièrement quelques classes. Mais ses amis avaient oublié de jouer et finirent l'école rapidement. Au fil du temps, les études des grands n'étant plus aussi drôles, il partit avant la fin. Déguisé en militaire, il continua à faire le foufou, mais rapidement, les messieurs en vert qui crient fort ont arrêté de le faire rire. Alors, il commença une brillante carrière de cow-boy dans le parc d'attractions d'une souris. Et dès qu'il avait une seconde, il allait montrer aux enfants comment faire chanter les couleurs. 
Mais un jour, il dut devenir adulte. Prendre le métro pour aller travailler, et uniquement quand il y avait beaucoup de monde, sinon ça ne comptait pas. Il joua un peu à faire le monsieur, mais ça le faisait beaucoup moins rire. Tellement moins que son travail se passa de lui. Puis, Thierry Lemaire, un ami, lui présenta la jeune Sonia, une jeune fille un peu paumée et rêveuse. Son histoire l'a tellement transporté qu'il l'a mise en images. 
Aujourd'hui, c'est le jeune Hugo qui l'amuse et l'intrigue.

A l’occasion d’un échange de plusieurs mails voici l’interview d’un illustrateur plein de talent :

Pouvez vous vous présentez en quelques mots ?

Sous le pseudonyme Wilizecat je dessine des aventures sans paroles en BD d'un gamin qui évolue dans un quotidien commun et qui tout à coup va avoir à faire avec un monstre ou un être fantastique.

Après de temps en temps je dessine, m'amuse avec les couleurs et imagine d'autres personnages avec d'autres aventures et d'autres manières de les dessiner.

Quand et comment vous est venue l’envie de faire ce métier ? (Quel est votre parcours)

Je ne suis pas « un dessinateur depuis que je suis tout petit ». Moi je préférais aller jouer dehors et un peu après courir après les filles. Mais à un moment il y a des choses que je n'arrivais pas à dire autrement qu'en les dessinant. A partir de ce moment j'ai cherché à apprendre en fouillant dans les livres, les musées, les films, et encore aujourd'hui.

Ensuite j'ai vu que raconter des histoires ça pouvait être un métier alors j'ai tenté. 

Ma grande phrase du moment c'est: « il faut essayer pour risquer de réussir ». Donc je n'ai pas fait d'école de dessin, mais j'ai picoré à droite à gauche et surtout j'essaye de prendre toujours du plaisir à le faire.

Que vous a apporté la collaboration avec Thierry Lemaire pour Sonia ?

Sonia est ma première BD en partenariat avec une personne que j'estime beaucoup. J'aime bien le travail en équipe. C'est sûrement ce qui me manquait depuis, mais en ce moment je travaille dans le dessin animé et je jubile de travailler avec du monde autours. 

Donc c'était ma première BD. Je l'ai faite avec mon gamin sur une jambe et la palette graphique sur l'autre. J'ai beaucoup d'affects avec cette période. Mais après on l'a donné à un éditeur qui ne devrait pas s'appeler comme ça. Les éditions Carabas en ont dégoûté plus d'un : livre pas suivi, dédicaces inexistantes, en gros un livre fantôme. Avec Dupuis par la suite j'ai vu une vraie différence qui est complémentaire avec le plaisir de faire concrètement le livre.  

Qu'est ce que le personnage d'Hugo apporte aux enfants selon vous?

Au delà du personnage j'espère que cette collection [Puceron] donne aux enfants un premier contact avec la lecture, sans parents, ils peuvent prendre le pouvoir.

Après ce qui me plaît avec Hugo c'est de penser en termes de tension et de soulagement dans les histoires. Par exemple j'ai construit La Sorcière grenadine comme un film d'horreur, au début tout est sympa même cette petite sorcière et puis ça dérape sans qu'on s'en rendre trop compte et puis ça ne fait que s'empirer de manière irréversible jusqu'au moment où on voit la sorcière géante, affreuse qui va faire disparaître le doudou de Hugo. La tension est à son comble, les enfants sont à deux doigts de lâcher le livre et puis ça s'arrange et la tension redescend. J'ai déjà vu des enfants lire cette BD et c'est un vrai spectacle.

Une des choses que j'essaye avec Hugo c'est de prendre un moment de la vie courante où l'on dit aux enfants « mais non t'en fais pas ce n'est pas grave ». Et bien dans mes livres, si, c'est grave et on va trouver comment ne plus être gêné, ne plus avoir peur, comment grandir au fond.     

Quelles sont vos références et/ou influences en matière de d’illustrations ?

A force de picorer dans tous les sens je suis comme un amoureux avec un cœur d'artichaut j'aime énormément beaucoup de monde. J'adore lire David B, Brecht Evens, Frederik Peeters, me promener avec Sfar, faire le con avec Yoann, rêver avec Ungerer, être solennel avec Toppi, passer du temps devant le radeau de la méduse, me laisser bercer par princes et princesses, être amoureux avec Donoma et le court métrage White girl in herpanty.

Et revenez demain et je vous parlerais de Jeffrey Jones, de Hugues Micol, Loic Secheresse, de Kupka de Miyasaki, de Breccia et de tous les autres.  

Êtes-vous libre de choisir le thème de l’illustration ou vous demande-t-on un travail en particulier dès le départ ?

Ca change toujours, mais une contrainte peut faire naître encore plus de liberté. Dès fois être précis dans la demande est plus efficace qu'un « fais ce que tu veux ». Mais un « fais ce que tu veux » quand c'est un signe de confiance est très précieux.

En quoi vous sentez-vous appartenir au monde de l’enfance ?

Je ne sais pas trop quoi dire car je n'en ai pas l'impression. D'ailleurs ce qui me plaît avec les enfants c'est de leur parler comme à des adultes. J'ai un gamin qui a aujourd'hui 7 ans et je ne me voyais pas lui parler comme à un débile. Donc je parle aux enfants comme je parle à d'autres personnes mais articulant un peu plus peut être pour les plus jeunes. Et encore il faut parfois bien plus articuler pour les adultes.   

Pour moi un enfant c'est un adulte en devenir, alors si mes livres peuvent accompagner un soupçon cette évolution je suis content. 

Aimiez-vous les livres quand vous étiez enfant ?

Quand j'étais petit je me souviens que comme mes parents étaient divorcés avec mes frères un week end sur deux on allait chez mon père où rien n'était prévu pour nous. Alors je passais mon temps dans les Bilal avec La Foire aux immortels, dans les bd de Druillet, de Jeyffrey Jones, de Breccia, dans les livres d'art avec les tableaux de Bruegel. A part Petit Bleu et petit Jaune et Le Magicien des couleurs je ne me souviens pas de livres pour enfant, par contre je suis incollable sur Mort Cinder de Breccia. et j'étais plongé dans des livres que les bien-pensants éloigneraient des enfant et pourtant... j'en suis pas mort. 

Vous sentez vous toujours un enfant au fond?

J'en parlerai à mon psy la prochaine fois. C'est une question que je ne me suis pas posé depuis longtemps. Aujourd'hui je fais les choses du mieux que je peux et puis après je recommence. Peut être que quand j’arrêterais l'enfant en moi aura grandi.

Si vous étiez un livre, vous seriez ?

Un qui fasse rêver, un qui fasse grandir, un qui rende amoureux.

 hugo

Série Hugo, dessins de Wilizecat, scenario de Wilizecat. collection Puceron, édition Dupuis, 6 tomes de 2007 à 2011. Grand vainqueur du prix Tam-Tam « Baby BD » 2010.

 

 enfant chat

La Balade de l'enfant-chat, Wilizecat, collection Somnambule, Editions La Joie de lire, 2009.

La nuit de son anniversaire, Mathieu se réveille mi-enfant mi-chat. Son chat lui conseille d'aller voir une sorcière qui pourrait l'aider à retrouver sa forme initiale grâce à ses potions magiques. En chemin, il croise la route de deux sorcières, d'un chat russe et d'une bande de chauves-souris qui lui apprennent à accepter sa différence.

Sources :

www.dupuis.com

www.wilizecat.com


Emilie Gillet (Master1 PE - Université Versailles-St-Quentin)

Fantasia à l'Université 

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Commentaires
A
Le ialogue est fort instructif et la réponse à dernière question m'a beaucoup plu !<br /> Agapanthe
Les riches heures de Fantasia
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