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Le Yark

De Bertrand Santini

Illustré par Laurent Gapaillard

Grasset jeunesse – novembre 2011

12,50 euros

 

« Le Yark aime les enfants. Il adore sentir leurs petits os craquer sous sa dent et sucer leurs yeux moelleux comme des bonbons fondants. » (p. 7)

Et encore, Fantasia respire : « Le Yark aime aussi beaucoup les animaux. Mais il n’en mange jamais, estimant qu’ils sont vraiment trop mignons pour être dévorés. » (p. 9)

 Vous l’aurez compris, le Yark est un drôle de monstre à la personnalité complexe, capable du pire comme du meilleur. Mais enfin, il faut bien se nourrir. Le problème, c’est que la chair des enfants mal élevés est hautement toxique, capable au moins d’enflammer les intestins de notre héros. Le Yark pense trouver la solution en extorquant la liste des angelots au Père Noël. Mais les gamins sont très malins et font tout pour éviter de se faire croquer. Désespéré, le monstre atterrit chez Madeleine, concentré olfactif de gentillesse et de pureté. Elle soigne le Yark, qui évidemment n’ose pas la manger après ces moments de tendresse partagée. Que faire, que faire ? Ce sont de petits sauvageons de la forêt qui vont paradoxalement guérir le Yark de sa fragilité gastrique.

Bertrand Santini est aussi l’auteur de l’impayable Une Farce de la nature (Editions de la Balle, 2011), qui met une chauve-souris aux prises avec ses propres ailes. On retrouve ici le même type d’humour : une situation absurde examinée avec le plus grand sérieux, un personnage qui devient touchant de naïveté et de maladresse. L’écriture d’un narrateur externe impliqué, assénant avec exclamation et en phrases courtes des vérités définitives, le tout sur un mode oral presque poétique en prose, concourt encore de l’immédiat rire complice que provoque cette lecture. Et puis, il y a les illustrations fines à l’encre noire, gravures tout droit sorties du XIXème siècle. Laurent Gapaillard est issu du monde de l’image animée (cinéma, jeux vidéo) et cela se ressent dans ses cadrages, sa façon de rendre le Yark vivant de tout son corps qu’il a souple, grimaçant quantité d’expressions toujours sympathiques. Grosse boule de poils souvent décorée de fleurs ou de verdure, ses immenses crocs sourient plus souvent qu’ils ne mordent. Et ces yeux globuleux en début de chaque chapitre : a-do-ra-ble (le comble pour un monstre). Un conte à l’envers… parfait pour endormir les petits enfants !

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