Popville
texte de Joy Sorman
illustrations d'Anouck Boisrobert et Louis Rigaud
Hélium – octobre 2009
14,90 euros
Dans la Forêt du paresseux
texte de Sophie Strady
illustrations d'Anouck Boisrobert et Louis Rigaud
Hélium – mars 2011
15,90 euros
Tout est parti d’une église rouge. Très vite, des maisons sont venues lui tenir compagnie tout autour, puis là, une école, des bureaux, des immeubles… Il y a aussi des routes partout, qui serpentent et se tendent sous le poids des voitures de plus en plus nombreuses. Là, un chemin de fer se construit, ici, une usine avec sa grosse cheminée grise. Autour de l’église rouge les machines œuvrent, construisant sans relâche la ville grandissante au fil des pages. Mais est-ce la passion de créer qui pousse l’homme à faire sortir de terre ses plus riches inventions ? Ou bien est-ce la folie accaparante de celui-ci qui l’amène à imposer sa marque sur chaque recoin de terre où il pose les pieds ?
Sur un autre recoin de terre, le paresseux, lui, est bien tranquille. Dans sa forêt à perte de vue, il se cache et s’adonne à son activité favorite : roupiller sur sa branche. Alors qu’il rêve à dormir encore plus, la guerre se déclare dans la forêt ! Les hommes, les tapirs, les blaireaux, les félins, tous s’enfuient alors que d’horribles machines assourdissantes aux mâchoires métalliques arrachent tout sur leur passage : les arbres, la vie, l’espoir. Mais le paresseux n’entend pas, ne se réveille pas, alors que l’étendue de sa forêt se réduit page après page à son seul arbre. Il s’enfuie enfin, échappant de peu aux bouches d’acier. Il n’y a plus rien. Plus rien de cette belle forêt. Puis un homme, pourtant peu différent dans son aspect de ceux qui conduisaient les terribles machines, se désole et sème des graines, soigne le sol blessé, l’abreuve, le cajole. Enfin, la forêt renaît, et avec elle, reviennent tous les animaux, y compris le paresseux, qui reprend sa sieste où il l’avait laissée.
Que c’est intelligent ! Ces magnifiques pop-up d’Anouck Boisrobert et Louis Rigaud au format étroit revisitent les mini-édifices en papier que sont les pop-up, pour mettre en scène, pour Popville la construction, pour Dans la forêt du paresseux, la destruction.
Dans les deux ouvrages, l’élément central (l’église rouge, l’arbre du paresseux), quasiment immuable, observe l’environnement tout autour de lui changer sans cesse de page en page. Dans Popville, on assiste alors à la propagation presque virale d’une ville, tandis que La forêt du paresseux va se réduire progressivement sous nos yeux. Outre le plaisir des yeux, les deux livres restent très pédagogiques, ludiques et contribuent à la tendance de l’éco-éducation. Popville, premier ouvrage des deux compères est pour moi un peu moins éclatant que son petit frère, dans le sens où le message y est moins limpide.
C’est sans l’ombre d’un doute que je présage que petits et grands vont se plonger avec délectation au cœur de la jungle du paresseux, où l’on entend au loin les oiseaux de paradis et les pelleteuses en marche.
« La forêt maintenant tremble. De tous côtés, la voilà attaquée. Des engins aux mâchoires terribles arrachent les premiers arbres. Tout va si vite. Les oiseaux par milliers quittent leurs nids. Mais le paresseux – le vois-tu ? – rêve et n’a rien entendu. »
Adèle Couture (LP Edition - IUP Paris Descartes)