Tarja
De Jean-Noël Sciarini
La Joie de Lire – collection Encrage – septembre 2011
16 euros
Tarja traîne au lycée une réputation de fille facile. Quand elle tombe enceinte de son professeur de français, l'opinion s'emballe. Elle décide de garder le bébé et son père, notable genevois, l'envoie chez sa tante. Tarja garde le contact avec son meilleur ami Léon. Puis vient l'accouchement, à la fois du bébé et des secrets.
Jusqu'au bout, on y croit : narratrice sensible - Tarja - à l'adolescence difficile et à la maternité précoce, parents rigides et tante compréhensive, pairs moqueurs cinglants. En arrière-plan, le décès de la meilleure amie Jessica, victime de ses illusions, et la présence solide, réconfortante, du confident Léon.
Tout se tient en un roman de belle facture. Jusqu'au bout moins une vingtaine de pages... L'histoire se re-dramatise et prend alors une tout autre consonance. Je n'en dirais pas plus, mais c'est un véritable coup de poing.
La construction du livre prétend suivre le parcours d'une vie à l'envers (vers une renaissance?), se ponctue d'extraits de chansons et de méls échangés. Elle épouse au présent les sentiments diffus mais pas contradictoires d'une toute jeune femme, fausse Juno à la volonté aussi forte. Sur un (des) sujet(s) de société tout en limites, Jean-Noël Sciarini offre un livre captivant, délicat, qui bouleverse proprement son lecteur : pfiou..., et bravo ! Dès 15/16 ans.
« Je reviens à moi et je sens soudain mon bébé bouger, me rappeler à lui, à la réalité. Qu’il soit ma priorité, maintenant, puisque lui et moi c’est tout sauf un accident. Je dois dépasser tout ça, éteindre les signaux de ma détresse, qu’il n’ait plus peur. Je lui parle pour tenter de le rassurer, je lui dis : ‘Toi et moi, c’est pour la vie, stationnement illimité dans mon cœur.’ J’aimerais tant que quelqu’un me console, moi aussi. » (p. 104)