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Les riches heures de Fantasia
5 septembre 2011

Desolation Road - Jérôme Noirez

Desolation Road

De Jérôme Noirez

Gulf Stream – collection Courants Noirs – septembre 2011

12 euros

 

smileys_coeur

 

 

Californie, 1930. June attend son exécution à la prison de San Quentin. Elle est accusée de vols, meurtres et kidnapping en compagnie de son amant David. Un journaliste vient l’interroger ; il est gentil, s’intéresse au parcours de cette toute jeune fille à l’air si sage. Effectivement, le passé de June expliquera bien des choses. Tout ?

 

L’histoire démarre telle De Sang-Froid (Truman Capote), se déroule façon Bonnie & Clyde, et finit comme un western ! Assez court pour la matière qu’il déploie, le roman joue à la fois de l’aspect « coup de poing » d’une condamnation à mort à 17 ans, et d’une écriture faite d’effets d’attente. Rendues à la troisième personne, les réflexions du journaliste – sur June, sur sa propre histoire aussi – alternent avec les temps de récit de la condamnée, par ailleurs assez longs. Il ne s’agit donc pas d’un facile page-turner, même si la tension installée crée un rythme captivant : si le lecteur sait la fin, il ne sait pas le comment ni le pourquoi, et brûle de les connaître.

 

Cette époque décousue de Grande Dépression, de modernité balbutiante et de Prohibition puritaine fascine évidemment. Les temps troublés accoucheraient-ils de monstres ? Rien n’est moins sûr, car le maître mot du roman, avant même inconscience, semble être amour. Entre le simple prétexte narratif et l’homme complexe, c’est la présence sensible du journaliste qui permet la mise en perspective de l’épopée de June et David. Toute la subtilité sera, au terme d’un périple invraisemblable, de ne pas proposer de réponse claire sur la culpabilité de ces amants maudits. On sort alors du fait divers tragique pour rentrer dans la comédie humaine universelle…

 

Brillamment mise en scène, aisément lisible, close sans faiblesses, cette intrigue policière se dévore, mais avec intelligence. Un vrai grand coup de cœur, tout personnel.

 

 

IMG_6078

 

(on voit pas bien, mais les couvertures d'Aurélien Police sont toujours aussi belles...)

 

« Gayle ne savait décidément pas quoi penser de June. Que lui inspirait-elle exactement ? Parfois de la pitié, parfois de la tendresse, d’autres fois de la répugnance et de l’exaspération. Les lecteurs, surtout en ces temps difficiles, ne se passionnaient que pour les caractères simples. Ils voudraient lire le récit d’une petite fille innocente ou bien d’une criminelle impitoyable, ils voudraient s’apitoyer ou haïr… Mais pas les deux à la fois. » (p. 74)

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