Le Premier défi de Mathieu Hidalf - Christophe Mauri

Le Premier défi de Mathieu Hidalf

de Christophe Mauri

Gallimard – septembre 2011

13 euros

Mathieu Hidalf a dix ans. Traditionnellement, le jour de son anniversaire, il réalise une grosse bêtise à l'encontre du roi le Grand Busier, suscitant moult paris autour de lui et l'ire angoissée de son père, sous-consul ambitieux. Cette année, la bêtise n'a pas lieu le premier jour des festivités, pourtant riche en émotions : les affreux frères Estaffe ont rompu la trêve et menacent le palais ainsi que la garde élitienne, compagnie émérite dont Mathieu rêve de faire partie. Mais le deuxième jour des célébrations, Mathieu met en branle une machination aussi farfelue que machiavélique. Hidalf père peut avaler sa perruque.

Enlevé, joyeux, chaleureux : les qualificatifs ne manquent pas pour ce premier tome d'une série qui promet d'être savoureuse. Ce n'est pas pour rien que le jeune Christophe Mauri se réfère à Jen-Philippe Arrou-Vignod ou Timothée de Fombelle. Avec eux, il partage le goût du conte, d'un certain merveilleux perdu, d'un humour simple. Suivi par un narrateur externe au passé, le héros Mathieu s'apparente à une longue lignée d'enfants pas sages, de têtes à claques inconscients mais destinés à de grands desseins qui ne leur mettent pas de plomb dans la cervelle, puisqu'ils retombent toujours sur leurs pattes.

Les relations du petit garçon avec sa famille sont soignées : houleuses pour le père (drôlissime Rigor à l'autorité sans cesse saccagée), indulgentes pour la mère, complices en ce qui concerne les trois sœurs Juliette. Il a des vieux protecteurs, des jeunes détracteurs, un ami fidèle. De fait, Mathieu Hidalf est autant ancré dans la féérie que dans une réalité, ce qui le rend encore plus attachant.

Brossé à grands traits, l'univers créé tient en fait à quelques inventions, quelques détails pertinents et originaux : une mystérieuse unité d'élite qui fait rêver à la Harry Potter, des nymphettes servant d'éclairages dans les multiples salles du palais, une grand-mère édentée auteure d'un recueil de légendes assez proches des nôtres, un parchemin rouge « magique, indéchirable et irrévocable », un gentil chien à quatre têtes...

Souvent inspiré de contes classiques dont il se joue, solide, rafraîchissant, ce roman de fantaisie et d'aventures ne passera pas inaperçu, foi de Mathieu ! Prochaine étape : onze ans et l'école de l'Elite.

Dès 10-11 ans et surtout sans limites !!

« Le vieux consul de Darnar, Armémon du Lac, qui détestait l’orage, les enfants, les chiens et les chouettes, se tournait les pouces malgré son arthrite, assis dans un fauteuil à bascule, entre quatre nourrices soufflant sur sa tisane. Le vieil homme considéra une par une les quatre têtes de Bougetou, en écarquillant davantage ses grands yeux à chaque regard. A la fin de son observation, il plissa son front qui ressemblait à un journal froissé en annonçant gravement : - Rigor, j’ai une mauvaise nouvelle. » (p. 50)

Comments

[Fantasia]

Ca m'a fait un bien fou le soir, en pleine semaine de boulot, avec les orages déprimants qu'on avait !

[Radicale]

Enlevé, c'est premier mot qui m'est venu aussi ! Des histoires comme j'aimerai plus souvent en lire, j'ai adoré !