Le Soleil et la mort - Elise Fontenaille
Le Soleil et la mort
D’Elise Fontenaille
Grasset jeunesse – septembre 2011
8 euros
Le soleil et la mort, presque un oxymore... : celui de l’adolescence.
Ulysse a perdu sa mère très jeune, et maintenant son grand-père. Obligé de vivre avec un père et une belle-mère aux habitudes bourgeoises, le jeune homme dépérit. Lorsque sa chatte Mao est écrasée par la voiture de sa belle-mère, il sombre carrément dans la dépression. En surfant sur des forums Internet, il se rapproche d’une petite communauté tentée par le suicide, sous la houlette d’un étudiant en philosophie. Un projet morbide prend forme.
Elise Fontenaille s’entoure de précautions : elle a imaginé l’histoire au contact des collégiens qu’elle a rencontrés, elle a fait relire son roman par une psychologue… Pourtant, malgré quelques scènes choc et des mots inoubliables, le livre respire l’espoir, l’envie de vivre. On comprend vite que la tentation de suicide, chez le narrateur Ulysse comme chez ses nouveaux amis (Kim, Océane et Marco), ne prendra pas le dessus face à des projets amoureux, professionnels inconsciemment et profondément ancrés. La parole dépasse la pensée d’adolescents aux situations certes très difficiles, mais aux capacités de résilience toutes fraîches.
Cela n’enlève rien à l’écriture acérée, souvent coupante, de l’auteure. Son héros est capable de parler de pendaison comme de cueillette de cerises, imperturbable. Soit, le récit est au passé, c’est un signe, positif. Et puis, il y a Vlad, l’étudiant fou qui utilise des plus jeunes que lui pour satisfaire quelques besoins pervers. Celui-là, on le repère de loin, petit gourou d’une mini-secte ; il minimise l’impact individuel de chaque ado suicidaire et l’enjeu du livre devient bientôt la limite de son influence. De fait, le propos général concerne autant les dangers d’Internet sur des personnalités en construction, fragiles, que la notion même d’autodestruction.
Le roman est donc toujours fort, souvent dur, mais c’est au final l’attention sincère d’Elise Fontenaille qui lui redonne un équilibre. Nuance parfaite…
« Les gens croient qu’on ne pense qu’au sexe à quinze ans, eh bien pas du tout : on ne pense qu’à la mort. » (p. 17)
Merci aux éditions Grasset pour cette lecture subtile.
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