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Les riches heures de Fantasia
17 août 2011

Waterloo Necropolis - Mary Hooper

Waterloo Necropolis

De Mary Hooper

Traduit de l’anglais par Fanny Ladd et Patricia Duez

Les Grandes Personnes – août

17,50 euros

 

smileys_coeur

 

Dans un Londres victorien (1861) brumeux, Grace et sa sœur Lily, simple d’esprit, survivent en vendant du cresson. Orphelines, elles ont du quitter l’institution qui les hébergeait. Mais vient le jour où elles ne peuvent même plus payer le loyer de leur misérable chambre. Grace propose alors ses services en tant que pleureuse à un entrepreneur de pompes funèbres ; Mr Unwin. Cet homme sans scrupules va vite comprendre comment exploiter à son profit la présence des deux sœurs… Un sombre complot d’usurpation d’identité se met en place.

 

Mary Hooper réinvente Dickens au féminin – le célèbre auteur fait d’ailleurs une courte apparition dans le roman. Dès les premières pages (chuut !), le lecteur plonge en compagnie du narrateur externe dans une douleur poignante et un désespoir brut. Grace et Lily accumulent les malheurs les plus sordides et on se prend vite d’empathie pour elles. De pitié ? Pas tout à fait, car le caractère volontaire et débrouillard de Grace rassure.

 

Après, on peut parler non de voyeurisme mais d’une sorte de fascination. Elle ne s’exerce d’ailleurs pas tant envers les héroïnes qu’en direction de la capitale de l’Empire britannique, solidement reconstituée : richesse se piquant de charité sans oser y mettre les mains, petites activités des rues souvent proches de la criminalité, étranges assemblages de solidarités mal placées, etc. Un Londres déjà bigarré, tout en extrêmes, se déploie dans les moindres détails de ses décors. L’idée d’explorer le commerce de la mort, en un temps où l’on ne vivait pas vieux et au moment précis où le prince Albert disparaît, est (si je puis me permettre) lumineuse. Elle correspond parfaitement à l’atmosphère générale de l’époque, qui voyait un fonctionnement encore artisanal céder la place à une nouvelle modernité impitoyable.

 

Rapidement dans l’histoire, l’auteure laisse deviner des portes de sortie et le lecteur attentif peut anticiper plus ou moins la fin. N’empêche que l’héroïne les manque plusieurs fois, ces portes, et que la tension ne cesse de monter. Jusqu’à l’apparition d’un bienveillant deus ex machina, et une scène dans l’entrepôt des cercueils digne du meilleur feuilletoniste de l’époque. Dès lors, Mary Hooper rejoint à petits pas une Frances H. Burnett (Petite Princesse). Mais je n’ai pas été déçue, tant le déroulement cahotique de l’histoire captive et emporte dans un monde combinant histoire vivante et classicisme littéraire d’un genre réaliste, dénonciateur. Et en France, Hugo peaufinait ses Choses vues… Notre société a-t-elle tellement évolué ?

 

waterloo

 

                             waterloo 2

 

La station londonienne Waterloo Necropolis a fait circuler des trains

entre la capitale et un immense cimetière de banlieue de 1854 jusqu'en 1941.

En savoir plus (en anglais).

 

 

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Commentaires
M
Oui, j'ai aimé ce côté rétro, et l'hommage rendu au style de Charles Dickens. C'est à la fois sombre (pauvreté, atrocités subies) et lumineux de par le dénouement. J'ai beaucoup aimé.
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