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Les riches heures de Fantasia
29 juillet 2011

La Vie très privée de Mr Sim - Jonathan Coe

La Vie très privée de Mr Sim

De Jonathan Coe

Traduit de l’anglais par Josée Kamoun

Gallimard – janvier 2011

22 euros

 

Maxwell Sim est un doux dépressif de 48 ans. Sa femme et sa fille viennent de le quitter, il est en arrêt maladie d’un bon travail, et, malgré les milliers de kilomètres qu’il a faits pour aller voir son père en Australie, ne parvient pas à mieux communiquer avec ce dernier. Un vieil ami lui propose de parcourir l’Angleterre en tant que représentant d’une marque de brosses à dents. Max lâche tout et prend le volant de sa Toyota hybride, dont la voix féminine du GPS le charme littéralement. Ce job incertain va être l’occasion pour lui de revenir sur les lieux marquants de sa vie.

Rien à dire sur la construction limpide : les différentes parties suivent les déplacements de Max, entrecoupées d’incises de documents écrits par ses proches, dévoilant inopinément des secrets passés. Avec une écriture solide mais simple, un narrateur externe introduit la bonne distance, plonge quand même abondamment dans la tête de notre héros, envahie de souvenirs et de tergiversations.

 

Max symbolise une génération entière, celle des enfants nés au cours des mythiques années 60, et qui, arrivés à l’âge mûr, évaluent le chemin parcourus dans une société de plus en plus folle. Entre consommation effrénée, surveillance par satellite, hyper-solitude et développement durable, Max ne trouve plus sa place. L’a-t-il d’ailleurs jamais eue, fils unique d’une mère fade disparue trop tôt et d’un père poète raté et parfait égoïste ? Au fil des rencontres et des kilomètres avalés, Max s’enfonce dans les regrets : amour de jeunesse perdu, relations superficielles avec sa fille, etc.

 

Deux bizarres points d’ancrage filent tout au long du roman. Ce seront d’abord une mère et sa fille complices aperçues dans un restaurant australien, synonymes d’amour pur, ensuite un navigateur et imposteur raté de son enfance, Donald Crowhurst, auquel il s’identifie. C’est pathétique, et donc heureusement teinté d’un constant décalage (on ne peut pas vraiment parler d’humour). Entendre Max appeler son GPS Emma ou vanter les mérites de ses brosses à dents vaut le détour de lecture.

 

N’en disons pas trop sur la fin en deux temps qui nous fait passer d’un espoir relatif à une loufoquerie déconcertante peut-être un peu facile, mais bien signifiante. A roman qui désenchante le moderne, épilogue de fin de spectacle… Jonathan Coe continue de me séduire et me surprendre.

 

mr sim

 

 A lire aussi : Juliet, naked de Nick Hornby (10-18, mai 2010). L'homme anglais ne sait plus où il en est...

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