Magie Noire - Benoît Broyart
Magie noire
De Benoît Broyart
Sarbacane – collection Mini-Romans – mai 2011
5 euros
Adrien, quatorze ans, s’habille en noir et surtout pense en noir. Il en a parfaitement conscience. Son modèle est Lautréamont, dont il cite abondamment des extraits morbides des Chants de Maldoror. Ses parents ne comprennent pas : pourquoi tant de négativité ? C’est qu’Adrien est amoureux depuis toujours de sa voisine d’en face Marion, devenue gothique à l’adolescence. Lorsque le gouvernement annonce la suppression des éclairages publics dans les rues, Adrien met au point une cérémonie à la bougie pour son aimée.
A partir de douze ans, nous dit la quatrième de couverture. C’est un peu jeune pour apprécier l’esthétique funèbre de Lautréamont… Ceci dit, l’idée d’aborder de front le phénomène du satanisme, à travers un jeune héros tout à fait lucide, était intéressant en soi. Avec Adrien, certes succinctement, on voit comment un malaise passager peut devenir crise profonde, à la limite de la haine de soi.
Malgré tout, il n’y a pas de doute : derrière ses affirmations de noirceur ad vitam, le garçon évoluera ; sa capacité d’amour envers Marion le prouve et la petite cérémonie qu’il organise peut autant passer pour mortifère que romantique. Je n’ai pas interprété la « disparition » dont il parle souvent comme un suicide, mais comme une invitation maladroite à l’amour, au partage d’une même passion (certes bizarre) : la nuit. Mais c’est limite, quand même.
Un drôle de roman à la sensation d’inabouti, une plongée dans un esprit torturé, qui se lira plus sûrement après quinze ans… Le propos macabre doit en effet absolument être considéré au second degré.