Le Cas Jack Spark : saison 1, été mutant

De Victor Dixen

Gallimard jeunesse – collection Pôle Fiction – mai 2011

(première parution : JC Gawsewitch – mai 2010)

8,50 euros

 

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Cette couverture vous paraît classique ?

 

Si, comme moi, vous n’y voyez rien de particulier, vous allez attaquer benoîtement ce petit pavé et suivre les pas de Jack à Redrock en pensant un peu au Passage de Louis Sachar. Le jeune homme a été envoyé dans ce centre de rééducation privé en raison de ses fortes insomnies. Au lieu de se régaler de pâtisseries avec son grand-père fin cuisinier, il va donc devoir passer deux mois en compagnie de Sinead la jolie kleptomane, Kevin le petit énurétique, Ti-Jean atteint de TOC, Josh le suicidaire… La gestion du centre est assurée par le docteur Krampus, géant autoritaire, et une cohorte d’animateurs déguisés : Buffalo Bill, Billy the Kid, Calamity Jane, etc. Jack et ses amis hésitent entre la stupéfaction et l’horreur.

 

Bien vite, ils comprennent qu’on ne les laissera pas en paix, mieux, qu’on les terrorisera et les épuisera, notamment à travers des séances de baquets de Mesmer (soins par l’électro-magnétisme). Jack se met alors à observer le fonctionnement de la colonie, et découvre une foultitude de petits faits surnaturels sur lesquels enquêter… tandis que lui-même subit quelques mutations physiques bien dérangeantes.

 

Jack Spark n’a pas volé son Grand Prix de l’Imaginaire 2010 des Etonnants Voyageurs. Après un début assez convenu, le roman vire au fantaisiste, puis au fantastique, toujours soutenu par une énorme dose d’inventivité, et, ma foi, un certain humour. Le narrateur Jack compose peu à peu un héros au caractère approfondi, ado atypique qui cherche peut-être la paix mais ne recule pas devant l’adversité (quelle qu’elle soit). Ses relations avec les autres jeunes de Redrock sont individualisées avec finesse, de l’amour impossible à l’amitié jalouse en passant par tous les degrés de solidarité.

 

En dévoiler davantage sur les objectifs inavoués du centre, sur ses responsables plutôt particuliers ou sur la nature de Jack lui-même serait gâcher le plaisir de lecture. Disons que le roman fait appel aux contes de notre enfance, à nos peurs les plus profondes (bruitages réguliers à la clé), et mixe tout ça dans une sauce ogresque très très novatrice. Disons que notre héros, malgré sa génétique compliquée, grandira et sera le sauveur de la colonie, au terme d’aventures frissonnantes et de plus en plus frénétiques (l’armée américaine mêlera d’ailleurs ses hélicoptères au final apocalyptique, sans comprendre grand-chose à ce qui se passe).

 

Eté mutant est le premier tome d'une série de quatre (saisons...). C’est réjouissant, rafraîchissant, drôle, émouvant aussi : merci Victor Dixen !

 

Alors, la couverture ? Toujours rien ? Eh bien, vous n’avez plus qu’à lire le roman ;-) !