Le Miroir aux vampires - Fabien Clavel

Le Miroir aux vampires

De Fabien Clavel

Baam ! – mai 2011

13 euros

Face au divorce de ses parents, Léa est mise en pension dans un lycée huppé près de Compiègne. Excellente élève solitaire, la jeune fille cherche à passer une année de terminale la plus tranquille possible. Mais des évènements étranges vont la lancer dans des découvertes… extraordinaires, en compagnie de Nora, une lycéenne venue de Hongrie.

C’est annoncé dès le départ, et on devine très vite ce qui va se passer : des vampires envahissent peu à peu le lycée. Qui, comment, pourquoi sont d’autres questions que le lecteur mettra plus de temps à saisir. Entre le récit de Léa à son journal intime, des extraits du blog de la peste Cherry et des lettres du vampire meneur à son maître, l’action avance doucement, s’aggrave imperceptiblement, sans vraiment de rebondissements tordus. Et l’originalité du roman réside justement dans cette construction tranquille mais inéluctable, un parti pris bien loin des effets percutants de la bit-lit anglo-saxonne.

Nous sommes dans un lycée français, aux mœurs différentes : pas de pom-pom girls ni de bal de promo – il faudra en inventer un -, pas de voitures et une permissivité limitée des parents. Léa parle et s’inquiète beaucoup du contenu des cours, de l’échéance du baccalauréat ; ces éléments sont même intégrés dans l’économie de l’intrigue, alors qu’un auteur américain aurait sans doute éludé largement la question pour se concentrer sur les relations entre jeunes. L’atmosphère est également très européenne, empreinte d’une drôle de mélancolie sérieuse (presque un petit spleen ?) : il fait froid, c’est l’hiver, les élèves sont fatigués, etc. L’héroïne, de plus en plus isolée, en a plein les bottes et ne s’en cache pas. Sa vie de famille, en arrière-plan, manque complètement de pep’s. Un réalisme noir qui tranche !!

Après, l’intrigue est assez emberlificotée, davantage cérébrale que captivante. Disons que l’inventivité déployée par l’auteur pour donner une consistance théorique à son invasion de vampires prend le pas sur l’action proprement dite. De fait, on s’ennuie un tantinet. Et pourtant, Léa réserve quelques surprises… tant et si bien qu’un deuxième tome est prévu en octobre 2011.

Agréable incursion picarde dans le monde du surnaturel, Le Miroir aux vampires m’a surtout permis de découvrir l’écriture de Fabien Clavel, que (légère honte) je ne connaissais pas. A lire une petite interview sur Krinein.