Rossignol
De Sébastien Perez
Illustré par Benjamin Lacombe
Seuil jeunesse – juin 2011
17 euros
J’ai cet album à mon chevet depuis quelque temps déjà. Je le prends, le lis, le pose, l’admire, l’observe presque vivre. Comme si je n’osais pas écrire sur lui, anesthésiée par un trop-plein de ravissement. Ca, c’est l’effet Benjamin Lacombe qui s’épanouit sur l’histoire tendre de Sébastien Perez.
Leur « rossignol », petit homme accompagné bien sûr de zoziaux, hante des décors de vacances suaves, désuets à souhait, presque fantomatiques. Abritée dans un beau château, la colonie d’enfants dirigée par un lunaire et sympathique Hulot (Monsieur Jacques) fait l’effet d’un troupeau face à ce délicat et invisible personnage. Le timide garçonnet n’est qu’une silhouette sur la couverture. Il se manifeste d’abord par ses courts poèmes écrits sur du papier peint arraché, vers rapides qui épinglent littéralement, en quelques traits de caractère, les enfants de la colonie. On l’aperçoit longtemps et de loin sous les rabats de certaines pages, baigné dans une atmosphère intemporelle et des couleurs assourdies sur fond crème. Finalement, le théâtre, avec toute l’illusion que le lieu comporte, est le cadre rêvé de son apparition formelle et de sa ritournelle de présentation. Parce qu’avant d’être compositeur, Rossignol est chanteur (un lointain effet des Choristes ??)…
Rossignol est donc l’histoire d’un titi solitaire qui apprivoise les autres, le groupe, à sa façon toute particulière mais ultra fine : un magnifique album sur l’amitié naissante.
La question : le rossignol est-il croquant sous la dent ?