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Les riches heures de Fantasia
21 juin 2011

L'Eté Mouche - Bertrand Ferrier

L’Eté mouche

De Bertrand Ferrier

Grasset jeunesse – collection Lampe de poche – mai 2011

8,50 euros

 

Le narrateur, un « jeune mais brillant écrivain (bientôt) », rentre seul à Paris pendant l’été. Il veut passer quelques jours avec sa dulcinée. Las, la belle le quitte de manière impromptue. Définitivement ? Définitivement. D’abord un brin anéanti, notre héros va chercher à transformer son chagrin d’amour en une belle matière littéraire.

 

Le roman entier est parcouru du même ton délicieusement ironique, avec un narrateur externe pince-sans-rire, parfois à la limite de l’agaçant mais qui retombe toujours sur ses pattes dans un large sourire du lecteur. Le propos est mince, volontairement cérébral, et il lui fallait bien cette bonne dose d’humour pour éviter le larmoyant et atteindre le Chevillard - admiré par le héros, d’ailleurs -. Sous la dérision, l’air de rien, Bertrand Ferrier se donne en fait le champ libre afin d’explorer les méandres de la création : comment dépasser, sublimer les aléas de la vie pour en faire de la littérature ou au moins de l’écrit lisible. La postface livre donc logiquement le résultat des près de deux cent pages d’atermoiements de notre auteur en herbe : « Le Complexe du Crockfish » (oui, oui, le poisson pané surgelé), nouvelle. Si ce petit récit final est traité avec badinerie, je l’ai trouvé plutôt bien troussé dans sa façon justement de coller au vécu du protagoniste.

 

On l’aura compris, dans L’Eté mouche, tout est moquerie et vanité apparente, mais tout va être justesse aussi, à la façon d’un Perec cité en exergue. La construction basique suit deux parties : ‘Avant’, et ‘Après’. ‘Avant’ peut se lire linéairement, on navigue alors entre passé de souvenirs amoureux et présent désenchanté, ou bien en reconstituant les chapitres (numérotés dans tous les sens), afin d’obtenir une vue globale de la relation entre le personnage principal et son aimée. On comprend mieux aussi la place de la mouche, mais je n’en dis pas plus, c’est la cerise métaphorique sur le gâteau nombriliste. ‘Après’ se comprend en J + 1, J+ 2, jusqu’à Nouveau Jour J, ou le « jeune mais brillant écrivain (enfin) » est adoubé par « le Grand Ecrivain Moustachu Taciturne Qui Travaille Chez Gallimard ». L’avenir est devant nous, youpi.

 

Un jeu de haute volée enchâssé dans une gangue railleuse !

 

ferrier

 

« Il pense : posons le problème simplement. J’aime une fille à la folie. Cette fille ne m’aime plus. A la rigueur, tant mieux, sinon, y aurait pas d’histoire. Donc, j’aime une fille qui ne m’aime plus, c’est la base, le prologue, le nœud du problème, l’histoire démarre là-dessus. Et j’ai un objectif. Sinon, le lecteur va s’emmerder, et moi aussi. » (p. 85)

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