Surtout n'achetez pas ce livre - Pseudonymous Boch
Surtout n'achetez pas ce livre
De Pseudonymous Boch
Traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault
Milan jeunesse – mai 2011
13 euros
Le premier tome, Ce Livre cache un très grand secret (Milan, 2010), ne m’avait pas convaincue, l’avis positif de Lael m’a toutefois donné envie de continuer. J’ai bien fait, mais ce n’est pas encore ça : Pseudonymous Bosch malmène son lecteur à l’excès et je me sens un peu prise en otage d’un bel exercice de style. Chapitres énumérés à l’envers, questionnaire en cours de route, notes de bas de pages multiples, tailles de police mouvantes, hésitations volontaires du narrateur externe sur le processus d’écriture, appels incessants au lecteur et auto-interview en postface : absolument tout y passe afin de stimuler la curiosité ; j’ai l’impression de faire une indigestion. Et ce côté formel écrase malheureusement pour moi une intrigue au demeurant plus cohérente que la première.
Cassandre et Max-Ernest font désormais partie de la société Terces (secret à l’envers), cachée au musée de la magie et d’ailleurs très lié à tout ce qui la touche. Ils se voient confiés leur première mission : retrouver, avec l’aide d’un prisme sonore, un homuncule grincheux âgé de plus de cinq siècles. La dangereuse société de Minuit, dont les membres envisagent l’immortalité, cherche également le petit être et est prête à utiliser les moyens les plus loufoques (un concert de starlettes anorexiques…). Les deux jeunes gens ne se débrouilleront pas trop mal dans leur quête, et Cassandre en profitera au passage pour débroussailler ses origines.
Car nos deux aventuriers sont aussi des enfants meurtris : Cass souffre de ne pas connaître son père, Max-Ernest subit un divorce parental minutieusement équitable… Un intéressant nouveau personnage, Yo-Yoji, apporte à la fois discorde et renouveau dans ce petit couple fusionnel : on file vers l’adolescence et ses choix amicalo-amoureux. Personnellement, j’ai largement préféré ce côté personnel, sincère à l’esbroufe hyper-fantaisiste du narrateur anonyme.
Hyeronimus Bosch – dont il semble se réclamer - peignait certes du monstrueux, du bizarre, mais avec beaucoup de sensibilité… L’équilibre est évidemment difficile à atteindre.
D'autres tomes sont à prévoir, puisque la série est basée sur les cinq sens... Je ne m'en suis pas encore rendu compte, je dois avouer !
Un narrateur bavard...
" Non ? Aucune de ces versions ne t'emballe ? Tu te sens trahi, ami lecteur, si j'emprunte des chemins détournés ? Au moins, j'aurai essayé. Ta critique est sévère mais juste. Je vais te faire une proposition - tu sais que j'aime les compromis. Alors voilà : je rédigerai l'épisode du cimetière si et seulement si tu me tiens par la main. Tu seras fort et courageux tandis que moi, je commenterai la scène. Et si, en plus, tu fais partie de ceux qui parcourent avec joie les cimetières en se riant de la mort, alors tant mieux. Bon, comment rédiger le début de la fin ? " (p. 298)