Mystère et Rigatoni - Andreas Steinhöfel
Mystère et Rigatoni (Rico & Oscar, tome 1)
De Andreas Steinhöfel
Illustré par Steve Wells
Traduit de l’allemand par Barbara Fontaine
Gallimard jeunesse – mai 2011
12,50 euros
Federico, dit Rico est un « maldoué », c’est-à-dire qu’il comprend tout, mais qu’il est un peu plus lent. Lui parle de « boules de loto dans la tête ». Il est au demeurant un petit garçon aimant et aimé par sa maman, gérante d’une boîte de nuit, et par la voisine madame Dahling qui lui prépare des mini-tartines. Un jour, Rico trouve une nouille par terre, devant chez lui. Il veut savoir qui l’a laissée tomber : de fil en aiguille, il rencontre Oscar, surdoué au casque de moto pour cacher ses oreilles décollées. Oscar est ensuite kidnappé par Mister2000, un rançonneur qui inquiète tous les parents de la ville. Evidemment, Rico va partir à la recherche d’Oscar. Comme il ne se repère que dans les rues droites, cela lui prend du temps, mais il est pugnace.
Vous avez aimé Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon (Nil et Pocket, 2004) ? Mystère et Rigatoni est fait pour vous. Le narrateur Rico n’est pas autiste, mais son comportement basique à l’extrême, hyper-logique parce qu’ayant peur de se tromper, s’apparente beaucoup à celui de Christopher Boone. Comme lui, il va mener une enquête de type policier à partir d’un petit fait étrange (la nouille, le chien mort) et interroger tout le voisinage. Ses investigations proprement dites démarrent vers la moitié du roman, et s’accélèrent dans une fin tarabiscotée, mais, on le devine, heureuse.
Entre temps, le lecteur apprendra à apprécier le touchant et involontairement comique Rico, ses raisonnements très particuliers mais toujours frappés au coin du bon sens. Parce qu’il ne réfléchit pas comme les autres et attrape souvent le phénomène par le bout inverse, il a une vision neuve, éclairante, du monde qui l’entoure. Il a la métaphore facile, notamment dans des définitions régulières de mots compliqués pour lui.
Bref, connaître Federico, c’est l’adopter, découvrir ses proches, c’est se frotter à la vie quotidienne d’un immeuble, et on retrouvera certainement avec plaisir ce beau monde dans d’autres aventures. Mais un seul tome suffirait aussi, je ne vois pas comment on pourrait éviter des redites… Les illustrations à la Serge Bloch accompagnent pertinemment cet univers d’un réalisme lunaire.
« C’est énervant quand certaines personnes nous prennent vraiment pour un débile alors qu’on est juste un peu plus lent qu’elles. Comme si mon cerveau essayait de conduire une voiture sans volant. » (p. 155)
« DEPRESSION : sentiment de grisaille. Maman a dit ce mot un jour où on parlait de Mme Dahling. Une dépression, c’est quand tous tes sentiments sont dans un fauteuil roulant. Ils n’ont plus de bras et malheureusement il n’y a personne pour pousser. Et peut-être même que les pneus sont à plat aussi. Ca fatigue beaucoup. » (p. 178)