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Les riches heures de Fantasia
10 mai 2011

Mauvais Plans - C. J. Skuse

Mauvais Plans

De C.J. Skuse

Traduit de l’anglais par Catherine Gibert

Gallimard jeunesse – collection Scripto –avril 2011

12 euros

 

LV3livre

 

Paisley et Beau sont des jumeaux très tôt célèbres : à la mort de leur mère par excès d’alcool, au moment même où leur père est emprisonné pour braquage, ils se perdent trois jours dans les bois, pitchounets de six ans se nourrissant de bonbons. Aujourd’hui, ils ont seize ans, des personnalités radicalement différentes mais une envie identique de retrouver leur père sorti de prison. Après avoir faussé compagnie à leur insuffisante grand-mère, les voilà partis pour Las Vegas. Retrouver leur père dans cette grande ville va se révéler difficile : il faudrait lui faire un signe. Paisley décide de se rendre à nouveau connue des médias, selon un stratagème qui ne laisse pas d’inquiéter Beau…

Ensemble la plus grande majorité du roman, les jumeaux s’expriment chacun de chapitre en chapitre, faisant défiler l’histoire d’une traite. Les tons et les écritures varient grandement : Paisley la rebelle au cœur d’artichaut blindé, prompte à la démesure et s’exprimant crument, Beau le sage et prude, admiratif de l’énergie de sa sœur, respectueux des lois, de la morale et de la grammaire. Le contraste parfois bien amusant laisse le temps de creuser le caractère des deux héros, l’un donnant volontiers son avis sur l’autre.

Leur histoire familiale est compliquée et touchante ; la découverte de la situation du père m’a pas mal remuée : dix ans sans le voir, tant d’efforts pour le retrouver, et… une situation dure à accepter, tout à reconstruire. Toutefois, nos jumeaux ne s’arrêtent pas à cet aspect de la vie de leur père, surtout Paisley omnibulée par l’idéal perdu de son enfance. Et puis, s’ils cachent des affres de passé mal digéré, ils sont aussi (avant tout ?) des adolescents lâchés dans Las Vegas !

« Sin City » va être un formidable terrain de jeu et de tentation : argent, sexe, bonbons… (oui, les friandises sont au cœur du plan de Paisley). Dès lors, dans une ville aussi décalée, les actions de ces nouveaux Bonnie and Clyde apparaissent juste… excentriques ? Si j’en dis plus, je vais dévoiler l’intrigue et ce serait dommage ! C. J. Skuse, dont c’est le premier roman, tente une histoire originale qui tient à la fois du roman ado centré sur la famille, classique, et de la fantaisie moderne, débridée, avec une pointe de réflexion acérée sur le mode de vie de l’Amérique des consumers. Le personnage de la grand-mère, cougar cupide, fait particulièrement froid dans le dos. La fin qui joue des médias sociaux est également intéressante, sans doute un peu trop rapide.

Bref, un roman pas inoubliable, à l’écriture d’une qualité moyenne, mais joliment troussé !

 

« Sur le trottoir opposé, les chantiers se suivaient inlassablement, on construisait d’autres hôtels plus spacieux, plus luxueux et plus farfelus encore que les autres pour combler les espaces. Sur les trottoirs, des centaines de touristes défilaient. Arrêtés à un feu, on a pu les détailler, ils grouillaient comme des abeilles autour d’une ruche gorgée de miel. Des vendeurs à la sauvette tentaient d’écouler des bouteilles d’eau transportées dans des glacières. Des jeunes se promenaient main dans la main, certains montaient dans des bus, d’autres posaient pour une photo, riaient, s’arrêtaient pour admirer quelque chose en le montrant du doigt. Partout l’agitation, le bruit, la démesure et le clinquant de la pacotille. » (p. 112) Et c’est Paisley qui le dit !

 

LV2                LV

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