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Les riches heures de Fantasia
22 avril 2011

Rose - Tatiana de Rosnay

Paris, Second Empire. Rose Bazelet, la petite soixantaine bourgeoise, habite juste à côté de l’église Saint-Germain. Veuve nourrie de ses souvenirs, elle aime sa vie tranquille entre les promenades au Luxembourg et les visites à sa voisine fleuriste ou au libraire – elle y découvre Flaubert et Baudelaire. Mais surviennent les travaux du préfet Haussmann, portés par la volonté de Napoléon III. Rose va refuser de quitter la maison où elle a tout vécu, et qu’elle avait promis à son mari de garder.

 

Le sujet me plaisait beaucoup : une capitale tiraillée dans son architecture entre deux époques, la vision par le petit bout de la lorgnette d’une évolution gigantesque. Et la narratrice Rose ne m’a pas déçue. Femme au foyer, elle reconnaît parfaitement n’avoir pas dépassé son quartier de toute sa vie facile. Elle n’est pas fondamentalement passéiste, mais ses expériences, sa sensibilité font qu’elle ne peut plus imaginer un avenir trop différent de son présent. Elle parle d’abord de sa fidélité à son mari, mais d’autres secrets se dévoileront, expliquant encore son refus de partir de la rue Childebert. Ce faisant, Tatiana de Rosnay compose un joli portrait de femme entière, complexe, ce que j’apprécie toujours. Mais j’attendais davantage de la confrontation de l’héroïne avec le Paris Haussmannien. Pas forcément des scandales, mais une virulence un peu plus forte, un semblant de flamboyance… Or, Rose se recroqueville et organise une résistance passive qu’elle sait vouée à l’échec. On reste donc dans le roman intimiste, fort bien mené et écrit avec finesse entre le récit de notre veuve et la retranscription de lettres de ses proches. Soit, je n’aurais pas du imaginer autre chose ou alors relire La Curée !

 

Rose

De Tatiana de Rosnay

Traduit de l’anglais par Raymond Clarinard

Editions Héloïse d’Ormesson – mars 2011

19 euros

 

 

 

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« Comme à chaque fois que j’évoquais le nom du préfet, je laissai libre cours à mon mépris le plus cuisant. Lui qui a ravagé l’île de la Cité, détruit six églises, éventré le Quartier Latin, tout cela pour ces lignes droites, ces boulevards interminables, monotones, tous ces grands immeubles d’un jaune beurre, construits à l’identique, affreuse combinaison de vulgarité et de luxe superficiel. Ce luxe et cette vacuité où se complaît l’empereur et que j’abhorre. » (p. 33)

 

« Qu’était devenue ma cité médiévale, son charme pittoresque, ses allées sombres et tortueuses ? Ce soir-là, j’eus le sentiment que Paris s’était transformée en une vieille catin rougeaude se pavanant dans ses jupons froufroutants. » (p. 155)

 

 

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Quelques années après... Eugène Atget.

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