Si je dis Rembrandt, vous allez répondre XVIIème siècle, peinture, Pays-Bas, clair-obscur... Oui, mais connaissez-vous l'homme ?

Dans ce gros roman graphique, Robin s'attache en fait aux pas du fils de Rembrandt, Titus, de sa prime enfance à... son décès prématuré. Et, évidemment, à travers lui, on va suivre la vie tapageuse du peintre : son succès artistique (« Quelle énergie ! Quelle audace ! Votre liberté fait de vous le génie de la peinture d'Amsterdam ! Mon portrait traversera les siècles ! », s'exclame ainsi son ami Jan Six p. 186) et ses déboires financiers, son appétit pour les femmes et la boisson, ses arrangements avec la religion, etc. Une porte sur l'Amsterdam des années 1650 s'ouvre aussi à nous, avec une ville active portuaire et marchande, dominée par des guildes, pas indemne des épidémies de peste.

Malgré tout, Titus reste le héros principal et sa psychologie bien approfondie passe autant par les bulles de dialogues que par les expressions des visages et des corps crayonnés à l'encre. Le dessin merveilleusement fin, signifiant, s'épanouit sur toute la page blanche, sans cases pour le limiter. Petit détail amusant, les reproductions des tableaux de Rembrandt sont elles insérées en version « vraie » (en noir et blanc).

Orphelin de mère, le petit Titus est d'abord élevé par une gentille servante, épouse officieuse de son père. Il joue, profite de son statut de fils de la maison pour taquiner les élèves du maître. Cette enfance somme toute assez tendre est bouleversée par le départ de sa maman de substitution : Rembrandt lui préfère une maîtresse plus jeune. Peu à peu, nonobstant des épisodes difficiles de sa famille avec les autorités de la ville, le jeune garçon reconstruit ses repères, jusqu'à se réjouir de l'arrivée d'une petite soeur. Socialement, Titus semble avoir peu d'amis, mais apprécier particulièrement sa cousine Magdalena – elle deviendra sa femme. Bref, c'est tout le parcours d'une vie qui nous est proposé, heurs et malheurs inclus, et je me suis beaucoup attaché à ce personnage.

Au final, une lecture sensible et rare, dont Rembrandt lui-même donne le mot ultime : « La vie, c'est un peu de lumière et beaucoup de ténèbres... Mais ne vous laissez pas décourager par les oiseaux de mauvais augure comme moi ! » (p. 279, au mariage de Titus).

 

A lire aussi : Le Temps des Marguerite de Vincent Cuvellier et Robin (Gallimard, 2009)

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Le Fils de Rembrandt

de Robin

Sarbacane – octobre 2010

19,50 euros

 

 

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