Benjamin n’apprécie pas du tout son année de terminale : il a perdu son meilleur ami, la fille qu’il aimait, et son groupe de rock a explosé. Mais la venue prochaine dans son lycée champenois de Franck Ménard, immense critique de rock, va changer la donne. Ou pas.

Encore et encore (replay…), Jean-Philippe Blondel explore avec un naturel confondant la psychologie adolescente. Le narrateur Benjamin est sans doute extrêmement mature, capable de recul par rapport à ce que doivent penser les adultes de ses comportements. Mais il assume aussi parfaitement son statut d’être en construction, au tournant d’une page (le passage lycée/études supérieures). De fait, cela compose un beau personnage sachant s’exprimer avec grâce – c’est un parolier de chansons, mieux, un futur écrivain – et sans affèteries.

Quid de l’intrigue ? En plein sur la vague des baby-rockers, l’auteur brode une histoire intemporelle de musiciens rivaux autour de l’amour d’une fille, laquelle se fait d’ailleurs très absente dans le récit. De cette confrontation larvée entre les deux guitaristes amis ne sortira rien de bon, juste des déceptions sentimentales de part et d’autre et des chemins qui divergent pour le futur. Avec la figure aidante du documentaliste et celle un peu périmée de la star du bel âge du rock (Philippe Manœuvre doit soit en rire, soit en pleurer), on aborde les rivages classiques des relations entre générations : même si adorable, la figure du prof Francis est celle que j’ai le moins appréciée, petit morceau convenu au milieu d’un récit par ailleurs criant de vérité.

Bref, le roman n’a rien d’original dans ses thèmes, et tout dans son écriture et ses sentiments : à vif mais sans pathos, nerveux mais approfondi, se payant le luxe de quelques grammes d’humour de temps à autre. Replay !!

 

(Re)Play

De Jean-Philippe Blondel

Actes Sud Junior – collection Romans Ado – mars 2011

10 euros

 

replay

 

 

L’avis d’Hélène, témoignages d’ados en bonus !

 

« Trois heures plus tard. Je reviens à la surface brutalement. C’est comme un réveil en sursaut. Je n’en reviens pas. Je regarde le texte qui est sous mes yeux. C’est tout sauf une chanson. Trois pages, presque quatre. Est-ce que c’est ça qu’on appelle une nouvelle ? Est-ce que c’est seulement bon ? Aucune idée. Ca raconte – enfin, je raconte, mais c’est difficile de dire ‘je’, je me sens intimidé, je n’ose pas dire que c’est moi qui ai pondu ces lignes – l’histoire d’un mec amoureux d’une funambule. Une fille aérienne, qui étouffe dans sa vie quotidienne et qui, jour après jour, pose son filin un peu plus haut. Et l’autre crétin d’amoureux transi, en bas, qui n’arrive pas à lui dire ‘Descends, j’ai peur que tu tombes’, et qui se contente de la regarder, les bras ballants. Jusqu’à ce qu’une fois, effectivement, elle tombe. Et quand elle tombe, sèchement, c’est toute la jeunesse qui s’écroule. C’est débile. » (p. 57)

 

 

Découvrez la playlist Bcause the night avec Patti Smith Group