Rouge Rubis - Kerstin Gier
Gwendolyn est une jeune Londonienne comme les autres. Elle vit avec sa famille, essentiellement féminine, dans une vieille demeure aussi guindée que la grand-mère Lady Arista. Sa cousine Charlotte est appelée à un grand destin, avec le pouvoir de sauter dans le passé. Mais contre toute attente, c’est Gwendolyn qui hérite de ce gène du temps. Elle devient le Rouge Rubis dans une ligne de douze hommes et femmes, permettant ainsi, avec quelques gouttes de son sang, de fermer une chaîne séculaire. Mais quelques problèmes sont auparavant à régler : réguler des voyages intempestifs dans la grande Histoire de Londres, apprivoiser Gidéon de Villiers son bel alter-ego, apprendre à marcher avec une robe à crinoline, récupérer le sang perdu des autres « pierres précieuses » du cercle, etc. Et plus fondamentalement, Gwendolyn commence à se poser la grande question : la confrérie des Veilleurs, dirigée depuis le XVIIIème siècle par le Comte de Saint-Germain, a-t-elle des intentions réellement avouables ?
Best-seller en Allemagne, la trilogie Rouge Rubis, Bleu Saphir et Vert Emeraude voit son premier tome impeccablement traduit en français par Nelly Lemaire, jusque dans les dialogues très naturels. Nous sommes dans des thèmes fantastiques classiques : le voyage dans le temps, la société secrète qui a traversé les décennies, le secret ultime à trouver… Les objectifs et tribulations des deux appareils « chronographes » sont pour l’instant un tantinet obscures, mais cela n’a que peu d’importance. Car au centre du roman, transcendant l’intrigue, il y a Gwendolyn, la narratrice innocente et sympa, la girl next door transportée dans des époques improbables dont elle n’a pas les codes, contre son gré voire pour le compte d’un groupe mystérieux auquel elle ne comprend pas grand-chose. Amusante mais pas ridicule, elle fait exploser le récit de son dynamisme, de ses petites remarques ironiques, de ses accès d’angoisse aussi. Entourée d’une meilleure amie digne de Sherlock Holmes et d’une mère très très réticente à la voir explorer son don, Gwendolyn va toutefois commencer à prendre plaisir à virevolter dans ses jolies robes (le rococo, c’est très coloré, le post-victorien, un peu fade) et dans les bras de Gidéon…
Ce premier tome sert évidemment d’exposition et de prétexte à des premiers voyages dans le temps, dont les rencontres rigolotes et/ou dangereuses donnent le ton pour la suite. (Sou)rires et poils hérissés : un cocktail qui a fait ses preuves, ici mis en scène avec un punch peu commun ! On a vite fait d’adopter Rouge Rubis, en attendant Bleu Saphir ; d’après l’arbre généalogique des veilleurs, il s’agirait de la rebelle Lucy Montrose, tante de Gwendolyn.
Rouge Rubis
De Kerstin Gier
Traduit de l’allemand par Nelly Lemaire
Milan – mars 2011
13,90 euros
La couverture française, tendance Young Adult, La couverture allemande, en mêlant fantastique,
mystère et frissons, se prend assez au sérieux... rose bonbon et parodie, rend davantage justice au roman.
« De 15 à 18 heures, Lucy et Paul se sont présentés dans mon bureau pour élapser. Nous avons discuté de la reconstruction, de l’assainissement du quartier et du fait incroyable que Notting Hill deviendra à leur époque l’un des quartiers les plus demandés et les plus chic de toute la ville. (Ils disent : « trendy ».) D’autre part, ils m’ont apporté une liste de tous les vainqueurs de Wimbledon depuis 1950. J’ai promis de verser les gains des paris à un fonds pour financer les études de mes enfants et de mes petits-enfants. Je pense aussi à faire l’acquisition d’un ou deux immeubles délabrés à Notting Hill. On ne sait jamais.
Extrait des Annales des Veilleurs
14 août 1949
Rapport : Lucas Montrose, adepte de 3e grade. » (p.287)