Chroniques de la fin du monde tome 1 - Susan Beth Pfeffer
Toute ressemblance avec une actualité récente est sans doute fortuite... quoique ?
Miranda habite avec sa mère et ses deux frères dans une petite ville de Pennsylvanie. Sa vie se partage entre le lycée, les copines (et le deuil récent d’une amie), les garçons, la natation et le patinage… Un jour de printemps, le monde entier tourne les yeux vers la Lune, qu’un astéroïde doit heurter : phénomène aussi rare qu’impressionnant, promettent les astrophysiciens. Le drame éclate. La Lune est déviée de sa trajectoire et se rapproche dangereusement de la Terre. Raz-de-marées, tremblements de terre, éruptions volcaniques se mettent en branle et dévastent la planète. Chacun s’organise comme il peut pour le début d’une longue période hostile…
Le roman se situe dans la droite ligne des romans ou des films-catastrophe comme seuls les Etats-Unis savent les produire. D’ailleurs, quelques clins d’œil politiques viennent renforcer cette sensation de mise en regard sur notre société : « le crétin du Texas », en 2006, hum hum. Si l'écriture ne brille pas par sa grande tenue, la forme narrative du journal intime est tout à fait adaptée au suspense grandissant, stagnant, repartant de plus belle, etc. Les ellipses temporelles laissent l’imagination gambader… vers le pire, évidemment.
Si c’est donc Miranda qui parle, elle ne s’appesantit par forcément sur ses sentiments ni ne se rappelle d’heureux souvenirs ; généreuse, elle reste dans le présent et s’inquiète beaucoup de ses proches. De la mère courage angoissée au petit frère qui ne se rend pas bien compte, de la vieille femme fataliste au père tiraillé entre sa famille passée et celle à venir (sa nouvelle compagne est enceinte) : tout un panel de réactions se fait jour, avec pour dénominateur commun un sens du devoir chevillé au corps au moins autant que celui de la survie. Nos héros réagissent noblement, mettent de côté leurs envies pour le bien commun de leur petit groupe.
Ce contexte posé et adopté, le lecteur se prend alors au jeu d’une année dans le huis-clos de la maison : il attend des nouvelles, rationne ses boîtes de conserve, a faim et maigrit, coupe du bois pour l’hiver, lave les draps à la main, tombe malade, économise ses forces, etc. La chute est brutale – essentiellement à partir de la coupure de l’électricité -, puis la situation s’enlise dans un hiver débutant dès août. L’exercice pourrait paraître long, il n’en est rien : Susan Beth Pfeffer sait créer une tension du quotidien particulièrement effrayante, et on arrive à regret à la fin du journal de Miranda, le jour de son anniversaire.
Le deuxième volume de cette série qui cache bien ses atouts semble vouloir reprendre la situation à zéro avec un autre personnage, le jeune latino-américain Alex à New-York : si ce que Miranda a entendu dire de la situation sur la côte Est est exact, l’aventure ne devrait pas être aussi atrocement tranquille… Rendez-vous en septembre 2011 avec L'Exil.
Au Commencement (Chroniques de la fin du monde, tome 1)
De Susan Beth Pfeffer
Traduit de l’américain par Laure Mistral
Pocket jeunesse – mars 2011
17,50 euros
Fantasia a particulièrement apprécié le personnage du chat Horton : la maman de Miranda prévoit pour lui une bonne quantité de sacs de litière, de croquettes et de boîtes de miam-miam. C'est ce qui s'appelle une femme organisée !
« Dans ma tête, j’avais la sensation que même si c’était la fin du monde, McDonald’s vendrait toujours ses hamburgers. » (p. 59)