Halley (comme la comète) et Scarlett (comme O’Hara…) partagent tout depuis l’enfance. Lorsque Michael, le nouveau petit ami de Scarlett, meurt d’un accident de moto, Halley accourt. Peu après, Scarlett découvre qu’elle est enceinte et décide de garder le bébé. Halley la soutient, tout en tombant amoureuse du mauvais garçon et meilleur ami de Michael, le beau Tristan…
C’est l’histoire de deux toutes jeunes filles catapultées dans des aventures adultes qui les dépassent. Et qu’elles vont assumer avec brio : entre les langues de vipère du lycée et les parents affolés qui réagissent par l’autoritarisme, nos héroïnes trouvent la force de faire leurs propres expériences en ne perdant jamais foi en elles et leur droiture intrinsèque. Elles fonctionnent toujours et sans exception ensemble, parlant de « nous trois » devant une photo d’elles avec le gros ventre de Scarlett ; sans doute cette amitié intense les porte aussi à avoir confiance en leurs choix. On pense, pour l’histoire et aussi pour l’ambiance tendrement naïve, au film Juno (Jason Reitman, 2007). Avec pertinence, Sarah Dessen a choisi comme narratrice Halley et ses classiques difficultés amoureuses, laissant en arrière-plan la grossesse percutante de Scarlett. Elle retrace donc les étapes de l’émancipation de Halley, enfant unique très proche de sa mère, puis rebelle inconsciente, et enfin mature qui sait prendre soin d’elle. Scarlett, davantage sage et ce avant même d’être mère, n’est pas pour rien dans le parcours gagnant de sa meilleure copine... La dernière longue scène du bal de fin d’année est complètement émouvante, drôle et ouverte à tous les possibles (chut, je n’en dis pas plus). Simplement mais finement écrit comme à l’accoutumée avec cette auteure, Quelqu’un comme toi combine lecture facile et sentiments approfondis : j’ai beaucoup aimé !
Quelqu’un comme toi
De Sarah Dessen
Traduit de l’américain par Véronique Minder
Pocket jeunesse – février 2011
17 euros
La toute fin (qui ne dévoile rien, rassurez-vous) :
« J’espérais que [le bébé] hériterait de nos qualités : la belle âme de Scarlett, la force de caractère de maman, la détermination de Marion et la malice de Michael. Je ne savais pas encore ce que je lui apporterais, enfin, pas encore, mais j’aurais sans doute trouvé lorsque, dans plusieurs années, je lui parlerais de la comète. Alors je me pencherais sur son oreille et prononcerais des mots [que lui seul] entendrait. Ce serait des mots qui expliquent, consolent et donnent du courage, dans la langue des comètes et des femmes que nous ne sommes pas encore mais que nous devenons toutes. » (p. 323)