Derrière la porte - Ingrid Olsson
La grand-mère de Karl est hospitalisée ; son état se dégrade au fil des jours malgré l’optimisme de chacun. Entre son petit frère et sa mère, Karl reste solitaire, encore secrètement marqué par la mort de son père il y a quelques années. Le jeune homme passe son temps à photographier des paysages, des pigeons, et bientôt à suivre sa nouvelle voisine, une lycéenne qui fait partie d’un groupe de rock.
La couverture sombre d’Hervé Tullet annonce le ton : il sera difficile de rester indifférent au récit du narrateur Karl, fait de petits riens, de petites impressions qui se cumulent pour former un ensemble saisissant de tristesse. L’histoire va linéairement de l’hospitalisation au décès de la grand-mère, dans des moments de vie racontés sur une page maximum. On saute de menu événement en réflexion infime, les souvenirs liés au père se télescopent régulièrement avec le présent. Les phrases au présent sont courtes, et leur apparence descriptive cache des trésors de sensibilité « à fleur de ligne ». Le héros reste de bout en bout coincé dans ses sentiments, incapable de les exprimer clairement que ce soit face à la fragilité de sa famille, ou dans sa relation longtemps unilatérale avec la voisine. Adolescent qui ne sait pas ou n’ose pas se mêler au groupe, Karl tient le monde à distance à travers son appareil photo. On cherchera longtemps une once de gaieté ou simplement de légèreté dans ce roman accablant : seul Johan, le petit frère, est parfois plaisant avec son cochon d’inde et son pyjama rose. L’ultime phrase de la dernière page laisse toutefois supposer un long chemin vers l’espoir… Ingrid Olsson (1977- ) dit avoir écrit Derrière la porte suite à la disparition d’un parent proche, ce qui explique sans doute la sincérité hors normes qui se dégage de son livre. Un beau roman fin, tout de pudeur, à lire le cœur bien accroché et le mouchoir à la main…
Derrière la porte
De Ingrid Olsson
Traduit du suédois par Anna Marek
La Joie de Lire – collection Encrage – janvier 2011
14,50 euros
Fantasia est toute retournée (cf photo) entre la lecture d'hier
- Mon Vaisseau te mènera sur un nuage de Marcus Malte, Syros, 2011 -
et celle d'aujourd'hui... Deux romans de grande qualité,
au même sujet grave. Promis, demain, elle choisit plus léger !