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Les riches heures de Fantasia
2 février 2011

Mon Vaisseau te mènera sur un nuage - Marcus Malte

La petite sœur de Romain est malade : un cancer. Le jeune garçon et ses parents viennent passer quelques jours dans une Maison des parents à côté de l’hôpital. Ils croisent des familles parfois désespérées mais toujours solidaires entre elles. Romain fait particulièrement la connaissance d’Alexia, une fille de son âge très calée en médecine lourde.

Mon Vaisseau te mènera jeudi sur un nuage : l’anagramme de cette phrase indique la première lettre des planètes du système solaire, de la plus rapprochée à la plus éloignée de l’astre lumineux. Le narrateur Romain est en effet un passionné d’astronomie, et chacun des chapitres du court roman commence par sa description très personnelle d’une planète. Bien souvent revient le constat : « On n’a pas encore trouvé de véritable explication à ce phénomène. On ne sait pas tout. » (p. 78). Soit exactement les mêmes mots qu’emploie le médecin pour expliquer la maladie de la petite sœur… S’échapper dans les étoiles est alors le moyen pour Romain de canaliser ses émotions, tout comme Alexia rationalise à outrance la maladie de son frère. L’histoire ne se centre pas exclusivement sur notre héros : les affects mouvants de ses propres parents, ceux d’autres pères et mères désemparés sont racontés en mots équilibrés, sans pathos (les larmes sont discrètes) mais sans trop d’espoir non plus. Justine, la petite malade, ne prend jamais directement la parole, même si Romain raconte son installation, son quotidien : un éloignement pudique et très juste, qui n’empêche pas l’amour d’affleurer à chaque page. Et puis il y a Laurette, vieille dame qui cuisine pour tout le monde, bénévole au grand cœur. En filigrane tout du long et plus fortement vers la fin, elle incarne la possibilité d’un avenir après la perte d’un être proche. C’est un roman d’une tristesse poignante et d’une beauté poétique qu’on ne lira pas sans heurts, et ce à tous âges. Rarement il a été écrit aussi finement sur la maladie et ses conséquences sur une cellule familiale : merci, monsieur Malte, pour ce petit texte tremblant de vie.

Mon Vaisseau te mènera jeudi sur un nuage

De Marcus Malte

Syros – collection Tempo – janvier 2011

5,95 euros

                                                                             Mon_vaisseau____WEB            IMG_5244

Deux simples extraits :

« Ce serait bien si on pouvait changer les piles pour les enfants malades. On mettrait des piles neuves à Justine et elle pourrait marcher et courir comme avant. » (p. 42)

« - En tout cas, moi, quand je serai grande c’est sûr que je ne voudrai pas avoir d’enfants. Merci bien !

- Pourquoi ?

- Devine.

- Je sais pas.

- Parce qu’ils tombent malades et après ils meurent. A quoi ça sert ? » (p. 58)

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Commentaires
H
Sélectionné pour le prix des inco, je vais le lire bientôt!
L
Ah lala, j'aime tellement Marcus Malte!! Son écriture ne donne toujours des frissons.
S
Toi aussi, tu trouves ? L'auteur a osé un sujet extrême, heureusement il avait le talent ou/et l'inspiration pour...
G
ahhh, qu'il est beau ce texte...
Les riches heures de Fantasia
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