Parce qu’il roule trop vite, le père de Sébastien renverse une femme qui sortait de sa voiture. Lâche, l’homme fuit et enjoint à son garçon de se taire. Le fils de la victime, Loïc, se retrouve à s’occuper seul de cette mère tombée dans le coma, puis amnésique. Torturé par la culpabilité, Sébastien provoque une rencontre avec Loïc, sans lui avouer sa véritable identité.

Un chassé-croisé mortel à l’écriture limpide, sans jugements ni complaisances cérébrales : Christophe Léon raconte des événements et la façon brute dont les personnages les vivent. Pris dans des réalités qu’ils n’ont pas vraiment le temps d’analyser, les héros agissent à l’instinct, et, malgré ou grâce à leurs fragilités personnelles, leurs réactions sont évidemment les bonnes. Enfant de divorcés ou orphelin de père, Sébastien et Loïc ont en commun une grande maturité, supérieure d’ailleurs à celle de leurs parents : « Un jour on se rend compte que ses parents ne sont que des répliques de soi-même, en plus grands. Ils ont les mêmes angoisses, les mêmes craintes et aussi les mêmes joies. Des gamins avec des seins et des moustaches. Du poil aux pattes et du rouge à lèvres. » (p. 82). Ils se frôlent, se « reniflent » autour de la mère de Loïc, s’apprécient enfin comme deux adolescents peuvent le faire. La fin complètement ouverte ne laisse pas de faire cogiter… La construction est astucieuse : nous suivons alternativement les personnages principaux, avec un « je » pour le torturé Sébastien, et un étonnant « tu » pour Loïc qui ne contrôle rien. Le tout se conjugue dans un présent cinglant, pour un roman aussi simple que fort. Le touche-à-tout Christophe Léon a encore frappé !

Délit de fuite

De Christophe Léon

La Joie de Lire – collection Encrage – janvier 2011

14 euros

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