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Les riches heures de Fantasia
23 décembre 2010

Illyria - Celia Rees

Celia Rees est un auteur audacieux : alors qu’elle aurait pu profiter de l’engouement du public pour son Journal d’une Sorcière (2002), elle a choisi de se risquer à d’autres genres. Le Testament de Stone (2008) plongeait dans le fantastique. Illyria renoue avec le roman historique, une patte d’originalité en plus : superbe mise en abyme, l’ouvrage est une réflexion (au sens de miroir) sur le travail de création théâtrale.

Shakespeare au début de sa carrière joue en effet un des héros. Nous sommes en 1601, il connaît un succès certain au Globe, continue à produire de nouvelles pièces et fait construire une maison à Stratford. Il rencontre subitement Violetta et son bouffon Feste. Duchesse héritière d’Illyrie, la jeune femme n’aspire qu’à retrouver un trône usurpé par un certain Malviolo ; en quelques chapitres qui tranchent sur une narration externe, elle raconte comment elle est arrivée à Londres. Bon gré mal gré, Shakespeare va l’aider, et pour ce faire partir sur les routes avec sa troupe. Tout en développant les nombreux rebondissements des aventures de Violetta, c’est l’occasion pour Celia Rees de dresser un portrait remarquable de la vie des comédiens de l’époque. Le lecteur français pense évidemment au Molière de Mnouchkine…

La fin heureuse verra Violetta épouser son aimé et retrouver son pays, tandis que Shakespeare se lancera dans l’écriture des événements passés. Nous sommes toujours dans la fiction, l’auteur prend d’ailleurs des libertés quant à la vie plutôt mystérieuse de Shakespeare, le dotant par exemple d’une famille épanouie. Mais il n’empêche que La Nuit des Rois a bien été montée en 1601, et que l’équipée de Violetta fait plus que s’en rapprocher ! Le grand dramaturge anglais n’aurait-il donc fait que plagier la réalité ? Si « le monde entier est une scène, et tous les hommes et femmes sont de simples acteurs » (Comme il vous plaira, acte V), pourquoi pas ?

Très dense et pourtant passionnant, Illyria réussit donc à faire lire deux livres en un : un conte rocambolesque et un quasi-documentaire sur la vie anglaise au XVIIème siècle.

Illyria

De Celia Rees

Traduit de l’anglais par Anne-Judith Descombey

Seuil jeunesse – novembre 2010

17 euros

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