Un mandarin commande une oeuvre à un artiste renommé, qui lui réclame d'emblée une forte somme. Quoique surpris, le mandarin accepte. Ne voyant rien venir, il s'inquiète. Le jour de la livraison, l'artiste dessine devant le mandarin un écureuil, en quelques minutes et quelques traits d'encre de Chine. Le commanditaire outré refuse de payer. L'artiste le conduit alors dans sa salle de travail, et lui montre les dizaines d'essais qu'il a réalisés avant de parvenir aux gestes parfaits.
Racontée à la manière d'un conte, l'histoire est une leçon de sagesse et de simplicité. Son égale n'existerait pas forcément en occident, tant elle est imprégnée d'une philosophie zen particulière. Ce qui n'empêche pas de s'en inspirer, au contraire. Sur des pages crème à fort grammage, Thierry Dedieu met en scène un cochon et un chien vêtus de kimonos, avec une économie de couleurs et de décors très signifiante. Comme pour appuyer le travail de son personnage de l'artiste, il offre aussi au lecteur un carnet d'études final rempli d'écureuils dessinés selon des techniques très différentes. Ce beau livre de contes traite de l'art de l'épure, du génie laborieux, du temps qui passe, de l'oeuvre en train de se faire, et, dans un clin d'oeil très moderne,... de la rémunération de l'auteur ! A méditer dès huit ans et sans limite d'âge (en croquant des noisettes ? L'écureuil est vraiment mignon).
Le Maître des estampes
De Thierry Dedieu
Seuil jeunesse – novembre 2010