Bernard – ou plutôt non, pas Bernard –, c’est une adorable boule de poils gris aux yeux rouges, avec des sentiments énormes qui le font sauter d’énervement ou pleurer à chaudes larmes. Pourquoi tant d’émotion ? La petite fourrure a horreur, honte de son nom devant les copains qui rigolent. Mais bien souvent, l’hôpital se moque de la charité…
Raoul la terreur avait déjà sévi sous l’imaginaire de Claire Cantais et dans le petit format carré à couverture poilue du Poisson Soluble. Et déjà, c’était inénarrable. L’illustratrice travaille en cartons de couleurs découpés puis photographiés, donnant vie à des êtres improbables, sur des décors et des fonds basiques. L’effet moderne et dynamique bouscule la page (jusqu’à celles de garde), et le texte d’une extrême concision renforce l’idée de mouvement : où Claire Cantais veut-elle nous emmener ? La chute d’une grande drôlerie ne décevra pas son jeune lecteur… Plus profondément, le petit album nous parle de la différence mal vécue, de la cruauté enfantine. Un humour dévastateur et dédramatisant !
Je ne m’appelle pas Bernard !
De Claire Cantais
Atelier du Poisson Soluble – octobre 2010